Jean-François Royer : « Pour moi, c’est plus qu’enseigner, c’est partager »

Jean-François Royer, directeur général du groupe WeTeam et intervenant en 5e année E-sport à Paris School of Sports, pratique le e-sport depuis plus de 20 ans. Sans formation, il a appris sur le tas et note l’importance de former les jeunes à ce nouveau concept, plein d’avenir. Nous l’avons rencontré.

Jean-François Royer, directeur général du groupe WeTeam et intervenant en 5e année E-sport à Paris School of Sports, pratique le e-sport depuis plus de 20 ans. Sans formation, il a appris sur le tas et note l’importance de former les jeunes à ce nouveau concept, plein d’avenir. Nous l’avons rencontré.

Comment expliquez-vous l’explosion du e-sport ? 

Le e-sport existe depuis plus de 20 ans. La France est une terre pionnière en la matière puisqu’elle a des éditeurs de jeux vidéo, des joueurs de haut niveau et des producteurs d’événements notamment de compétitions. Le e-sport a accéléré son émergence avec l’arrivée du très haut débit internet et grâce à la loi Lemaire en 2016. Grâce à Axelle Lemaire, femme politique, le e-sport a été institutionnalisé ainsi que son organisation. Légalement, le e-sport était dans la zone grise puisque ce n'était pas officiellement régulé et réglementé. Suite à cette loi, l’association France Esports a été créée. Elle rassemble les acteurs de l’e-sport et est devenue l’interlocutrice de l’Etat, pour structurer la pratique compétitive.  

Le e-sport est-il un véritable sport ?  

Je ne me suis jamais vraiment posé la question à vrai dire !  Il s’agit de compétitions avec des adversaires qui s’affrontent et un gagnant à l’arrivée. Est-ce que seule l’activité physique et sportive traditionnelle peut utiliser ce terme sport ? Je ne sais pas. On a les mêmes codes, un écosystème identique, des clubs, des équipes sportives, des agents, et même des producteurs d’événements que le sport « traditionnel ». La seule différence qu’on peut noter c’est qu’on est en lien avec un jeu qui relève de la propriété privée. C’est un éditeur privé qui développe le jeu vidéo. Après, tout dépend de la définition que l’on se fait du sport.  

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’enseigner cette matière à des étudiants ? 

Pour moi, c’est plus qu’enseigner, c’est partager. Je leur fais bénéficier de mon expérience, car le e-sport est tout neuf. Moi, par exemple, je n’ai pas reçu de formation, j’ai tout appris sur le tas. Les jeunes peuvent recevoir une formation, c’est une réelle chance. Je tiens à leur transmettre mon expérience également parce que le marché de l’e-sport a besoin de professionnels formés et compétents. C’est important de donner des formations appliquées et adaptées à notre marché qui est extrêmement codifié. Il y a tellement de spécificités que si on souhaite avoir des jeunes opérationnels, il faut les former. Et puis on a besoin de renfort ! Les offres d’emploi sont multiples.  

Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre à vos étudiants ? 

Je cherche à leur transmettre le cadre, les codes et la structuration financière et économique de l’univers de l’e-sport. Je n’ai pas besoin de leur transmettre la passion, car ils l’ont déjà. Travailler avec passion, c’est nécessaire, mais ça ne fait pas tout. Les jeunes ont besoin de connaître les règles qui sont très spécifiques à cet univers. 

Des qualités sont nécessaires pour travailler dans le e-sport ? 

Tout d’abord, il faut la passion. Au-delà de la passion, il faut savoir prendre conscience que l’univers de l’e-sport nécessite beaucoup d’engagement, de rigueur, de travail et de sacrifices. Des sacrifices oui, car les compétitions se déroulent les week-ends et les soirs. Il faut savoir se rendre disponible. Travailler dans l'e-sport, c’est comme tout, c’est travailler avec engagement et connaissance des règles.  

Pensez-vous que le e-sport a un avenir ? 

Bien sûr ! Aujourd’hui, il y a de plus en plus de fans de jeux vidéo. L’émergence des jeux vidéo d’il y a 30 ans, a créé des joueurs qui jouent encore aujourd’hui et puis il y a les enfants qui démarrent. Je vois mal les jeux vidéo disparaître, car c’est quand même 70 % des Français qui y jouent. Quant à la pratique de l’e-sport, je pense que ça va continuer de se développer, on le voit notamment dans la consommation de contenus médias. Aujourd’hui, la télévision est de moins en moins présente, les audiences baissent et de nouveaux contenus apparaissent. L’offre est devenue multiple. Les compétitions e-sport répondent complètement à l’évolution de la consommation de contenus, c’est pour cela que je pense qu’il va compter de plus en plus. 

Qu’espérez-vous pour l’avenir ? 

Je souhaite que la France de l’e-sport continue de briller au plus haut niveau. J’espère que dans 5 ans, l’ensemble des acteurs trouve un équilibre économique, juridique et financier, qui permettra à cet univers de prospérer. J’espère qu’il continue d’être performant et qu’il ait une structuration économique, qui permettra à l’ensemble des acteurs de performer et de perdurer. Il faut simplement faire attention à l’actualité et aux tendances. Ainsi, il faut s’adapter.